GARY Romain
Ven 7 Mai 2021 - 18:21
Résumé :
Ce livre, comme La promesse de l'aube, est un récit vécu. Romain Gary s'y met en scène, ainsi que Jean Seberg, et d'autres personnages connus comme Marlon Brando ou Robert Kennedy. Le décor en est l'Amérique en proie au problème noir. Mais le propos est bien plus vaste. Il s'agit de l'homme, avec sa bonté et sa bassesse, sa grandeur et sa faiblesse... et aussi, de l'impossibilité de désespérer, envers et contre tout.
À Los Angeles, Romain Gary recueille un chien-loup perdu. Il s'aperçoit bientôt que ce chien, très doux d'ordinaire, attaque tous les Noirs qu'il voit. C'est ce qu'on appelle dans le Sud un «chien blanc», un chien dressé pour faire la chasse aux Noirs. On veut piquer le chien, trop vieux pour être «rééduqué». Mais Gary s'obstine à le sauver. Finalement, l'animal est pris en charge par un gardien de zoo, un musulman noir fanatique qui va réussir un prodige, dont il ne convient pas de dévoiler ici le caractère de revanche impitoyable...
Cette fable vraie a une valeur de symbole. C'est, malgré l'impuissance à résoudre les vrais problèmes, le défi contre toutes les résignations défaitistes.
En même temps, on trouve un tableau, dramatique et burlesque, des mouvements extrémistes noirs et de tous ceux, parfois malhonnêtes, qui gravitent autour d'eux. Autour de Jean Seberg, jeune actrice idéaliste, s'agite un monde pittoresque et dangereux : le chantage et le meurtre sont présents à tout instant. C'est la surenchère de la violence, le cabotinage de beaucoup de «libéraux» blancs qui soutiennent les Noirs, le noyautage et la manipulation par le F.B.I. ou la C.I.A. de tous ces petits groupes.
Romain Gary ne se borne pas seulement ici à la Californie et Hollywood. Il y a aussi Washington à feu et à sang, le jour de l'assassinat de Martin Luther King. Il y a Bob Kennedy vu dans l'intimité, quelques jours avant sa mort et qui se savait marqué. Il y a mai 1968 à Paris. «Des gens se sont noyés en essayant de sauver un chien, mais c'est évidemment beaucoup plus qu'un chien qu'ils essayaient de sauver.»
Mon avis:
Une véritable plongée dans la fin très agitée des années 60. Ce n'est pas une simple évocation, je parle bien d'une plongée totale. Un livre magistralement écrit, dont les échos résonnent toujours aujourd'hui. J'ai beaucoup aimé.
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"L'amitié double les joies et réduit de moitié les peines " (Françis Bacon).
Re: GARY Romain
Sam 8 Mai 2021 - 12:14
Résumé :
Pour Ludo le narrateur, l'unique amour de sa vie commence à l'âge de dix ans, en 1930, lorsqu'il aperçoit dans la forêt de sa Normandie natale la petite Lila Bronicka, aristocrate polonaise passant ses vacances avec ses parents. Depuis la mort des siens, le jeune garçon a pour tuteur son oncle Ambroise Fleury dit " le facteur timbré " parce qu'il fabrique de merveilleux cerfs-volants connus dans le monde entier. Doué de l'exceptionnelle mémoire " historique " de tous les siens, fidèle aux valeurs de " l'enseignement public obligatoire ", le petit Normand n'oubliera jamais Lila. Il essaie de s'en rendre digne, étudie, souffre de jalousie à cause du bel Allemand Hans von Schwede, devient le secrétaire du comte Bronicki avant le départ de la famille en Pologne, où il les rejoint au mois de juin 1939, juste avant l'explosion de la Seconde Guerre mondiale qui l'oblige à rentrer en France. Alors la séparation commence pour les très jeunes amants... Pour traverser les épreuves, défendre son pays et les valeurs humaines, pour retrouver son amour, Ludo sera toujours soutenu par l'image des grands cerfs-volants, leur symbole d'audace, de poésie et de liberté inscrit dans le ciel.
Mon avis:
Comme toujours, Romain Gary a un excellent art de la narration, à la fois posé et vif, sérieux, tendre et amusé. Ici nous plongeons dans la vie d'un village de Normandie durant la Seconde Guerre Mondiale, et nous vivons avec Ludo le quotidien fait d'espoir, d'angoisse, de bonheur et d 'audaces. Nous suivons un réseau de résistance, les suspicions et les délations. Avec en toile de fond une jolie histoire d'amour.
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Re: GARY Romain
Sam 8 Mai 2021 - 19:19
Résumé :
Jacques Rainier, 59 ans, industriel, est aux prises avec des difficultés dans ses affaires au moment même où sa liaison avec Laura, une jeune Brésilienne, lui fait vivre ses jours les plus heureux. Un matin, à Venise, les confidences cyniques et angoissées d'un homme de son âge obsédé par le mythe de la virilité et le déclin sexuel éveillent le soupçon en lui-même, sur lui-même. La peur de l'impuissance, d'abord insidieuse, ensuite envahissante, destructrice, ne le quitte plus.
Mon avis:
J'ai retrouvé avec plaisir le style de Romain Gary, toujours dynamique et cynique à la fois. Cette histoire d'un homme gagné par l'impuissance, autant dans les affaire qu'au lit, a choqué quand elle est parue, car l'impuissance sexuelle était un sujet très tabou dans les années 60. Et même encore aujourd'hui, quand on y pense. Le sujet est original, on pourrai croire que le livre tourne vite en rond... mais ce serait sans compter sur le talent de Romain Gary !
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Re: GARY Romain
Sam 15 Mai 2021 - 17:15
Résumé (prit sur le site Babelio, que j'aime beaucoup, comme Chocolat) :
Quartier de Belleville, années 70. Momo, 10 ans vit chez Madame Rosa, une ancienne prostituée qui a créé « une pension sans famille pour les gosses qui sont nés de travers », c'est à dire qu'elle accueille des enfants de prostituées pour les protéger de l'assistance publique ou des "proxinètes", comme dit Momo. Le jeune garçon raconte son quotidien à hauteur d'enfant émaillant son récit de réflexions sur la vie :
"Les gens tiennent à la vie plus qu'à n'importe quoi, c'est même marrant quand on pense à toutes les belles choses qu'il y a dans le monde."
"La vie fait vivre les gens sans faire tellement attention à ce qui leur arrive."
Si Momo a la vie devant lui, Madame Rosa, quant à elle, est hantée par ses souvenirs d'Auschwitz, se laissant gagner peu à peu par la maladie Si son médecin insiste pour qu'elle soit hospitalisée, elle le refuse catégoriquement, soutenue par Momo :
"Moi je trouve qu'il n'y a pas plus dégueulasse que d'enfoncer la vie de force dans la gorge des gens qui ne peuvent pas se défendre et qui ne veulent plus servir."
L'enfance, la mort, la vieillesse, le milieu des prostituées et des émigrés s'entremêlent savamment pour former une oeuvre atypique, pimentée de trouvailles langagières hors norme, drôles et décalées.
Les derniers mots du roman sonnent comme une promesse : "Il faut aimer".
Romain Gary a reçu le prix Goncourt pour ce roman, sous le nom d'emprunt d'Emile Ajar. En effet Romain Gary s'est joué du Goncourt puisque le règlement n'autorise pas un auteur à recevoir le prestigieux prix deux fois, or il l'avait déjà obtenu en 1956 pour Les Racines du Ciel. Il voulait par cette mystification retrouver une certaine liberté d'expression, loin des critiques. L'affaire fut révélée à la mort de l'auteur en 1980.
Mon avis :
Toujours très bon quand il s'agit de Romain Gary. Son style d'écriture fait mouche à tous les coups. J'aime comme il aborde des sujets délicats et compliqués, sans jamais tomber dans la facilité ou le mauvais goût. La ségrégation envers les afro-américains dans "chien blanc"; l'impuissance sexuelle dans "passée cette date votre ticket n'est plus valable"; la défense de la Patrie et le regard de l'autre dans "Les cerfs volants" ; et dans ce dernier roman que j'ai lu de lui, la prostitution et les émigrés. Et je peux vous dire que dans les années 60/70, tous ces sujets là étaient très houleux (et ne sont toujours pas calmes aujourd'hui). Un auteur incontournable, qui offre une vision de la vie qui mérite d'être lue.
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